Nous sommes en 2022 et l’exploration urbaine ou plus couramment abrégée “urbex” (sic) a connu un véritable phénomène de mode depuis maintenant plusieurs années. C’est aujourd’hui devenu une activité relativement classique qui mélange un peu tout et n’importe quoi sans trop porter d’attention aux conséquences, alors qu’à l’origine il s’agit d’une pratique discrète et réservée.

Je me souviens encore de cette magie du début des années 2000 jusqu’aux environs de 2015 qui lui donnait tout son charme, son caractère “underground” et mystérieux. Le regretté Ninjalicious, qui a été le véritable initiateur du courant urbex dans le monde, avec ses codes et son ethique, semble appartenir à un temps désormais bien loin derrière nous. Pour exemple, je citerais le Château Miranda dont les plus anciens se souviennent encore avec nostalgie de cette fascinante architecture au style néo-gothique qui invitait à un véritable voyage onirique.

@ ww.proj3ctm4yh3m.com

Malheureusement, avec l’avancée de la technologie de reconnaissance d’images et de l’ère des réseaux sociaux, le site était devenu trop célèbre, les visites devenaient toujours plus nombreuses, et par crainte d’un accident le site fut définitivement détruit à jamais. Ce chef-d’oeuvre représente pour moi un pur symbole de la grandeur et de la décadence de l'”urbex”. Je comprend parfaitement la curiosité des visiteurs mais c’est aussi tout le paradoxe de l’activité et le revers de la médaille, car c’est en fait depuis ce moment que j’ai vraiment réalisé que ça partait à la dérive, même si j’avais déjà quelques doutes auparavant.

Nous étions à une époque pourtant pas si lointaine, bien avant que n’apparaissent les trop nombreuses vidéos “choc”, “putaclic” et autre “urbex qui tourne mal” qui attirent de plus en plus d’adeptes tout en visant un public de plus en plus large et donc aux intentions variées. Quelle plaie. On y trouve encore de bonnes choses heureusement mais malgré l’apparence que beaucoup montrent en public, bien peu ont réellement une démarche authentique, fiable et respectable. Comment expliquer aux personnes qui mendient le fameux “mettez un like, un pouce et abonnez-vous à ma chaine Youtube” qu’ils sont aux antipodes de la philosophie urbex ? C’est bien la peine que la technologie d’internet évolue si c’est pour ressembler aux conneries divertissantes que la télévision débite.

Il ne manque plus que le placement de produit pour qu’ils vendent leur cul de la même manière (remarque le deal des adresses est tellement flagrant qu’on n’est plus à ça près). Bref le décor est déjà posé, reste à placer une flèche rouge sur une vignette d’illustration, une musique spectaculaire ou flippante par-ci par là, répéter la même chose en boucle sur chaque vidéo et la machine est lancée. Pratique quand on a pas vraiment de talent.

Même des photographies pourtant magnifiques en ont pris pour leur grade et sont devenues banales tant il est commun de retrouver le même angle (bon des objets ont changé de places pour un peu plus d'”originalité”) sur des comptes pourtant bien différents, mais encore faut-il que le lieu soit vraiment abandonné :

Chateau abandonné pas abandonné

Pour ma part je suis plutôt de la vieille école, plus traditionnelle, où il faut se creuser un minimum la tête pour créer une histoire, fictive ou réelle, un mystère, de l’imagination… ou qu’il y ait un contenu intègre, puis l’originalité vient naturellement. Mais ça c’est quand on recherche par soi-même, car jusqu’ici montrer sa tête façon Antoine de Maximy n’a rien d’original. Pour ne trop pas paraître comme un vieux con je vais m’arrêter ici, en disant que ça n’est pas forcément mal, c’est probablement la suite logique des choses, mais je pense que le plaisir de la découverte une fois sur place n’en est que beaucoup plus grand et parlant lorsqu’on le mérite.

En partant de ce principe et en accord avec ces idées, voici donc une petite liste que je recommande, une modeste sélection de comptes Instagram (je ferais peut-être une sélection Facebook ou Youtube), dont certains avec quelques personnes que j’ai parfois rencontré et qui possèdent depuis plusieurs années une vraie mention honorable :