Après avoir visité la grange de cette famille d’agriculteurs, c’est une fois arrivé devant l’entrée de l’imposante bâtisse que l’on mesure l’angoisse de se retrouver ici. Un étrange sentiment m’envahit, comme un genre d’effroi provoqué par une vision cauchemardesque.

Il me faut pourtant monter les marches de l’escalier depuis la cour pour entrevoir ce qui se dissimule à l’intérieur. Bien que toutes les fenêtres délabrées laissent timidement entrer la lumière du jour, la maison semble totalement noircie par une inquiétante obscurité. Au seuil de la porte, j’hésite. L’abandon est pourtant évident, mais malgré la forte odeur de renfermé et le désordre du rez-de-chaussée, mon intuition m’ordonne de demander si quelqu’un est présent. Aucune réponse, mais je ne suis pas rassuré pour autant.

Je mets ça sur le compte de l’oppression psychologique que l’on peut ressentir lorsque l’on visite seul ce genre de demeure lugubre, et je force alors ma curiosité en faisant attention aux multiples obstacles sur mon chemin. Le salon est très rustique, je ne me sens à l’aise nulle part, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur. Je trouverai quelques cadres, lettres et photos de famille d’une autre époque…

Vient alors le moment où l’escalier vétuste de l’étage se dresse devant moi. Il est vraiment en très mauvais état, et l’impression d’une présence hostile me fige. Impossible de monter, c’est comme si la mémoire des lieux m’observait. Je ne le sens pas, mais pas du tout…

En cette fin de journée, le temps pourtant clément semble étrangement s’obscurcir.

Malgré les broussailes et l’état de l’épave, on peut tout de même reconnaitre une Dyane.

Je forcerai beaucoup mon mental pour avancer, car je ressens une oppression de plus en plus forte.

Dans les décombres, le cadre d’une photo famille, en noir en blanc, intacte dans ce chaos.

Et l’escalier qui mène à l’étage, en piteux état. Impossible. Je n’ai pas pourtant pas été très loin, mais j’ai beaucoup pris sur moi, et cette fois ma limite est atteinte. Tant pis, je sais maintenant à quoi m’attendre, et je décide de revenir une prochaine fois. Ou pas…